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Quand les femmes politiques viennent avec bébé

Jacinda Ardern embrasse son bébé à l'ONU

La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern embrassant son bébé à l'ONU.

© Reuters Carlo Allegri

C’est une scène qui restera probablement dans l’histoire. Le 24 septembre, la première ministre néo-zélandaise est venue siéger à la 73e assemblée générale des Nations Unies en compagnie de son mari… et de leur bébé. Jacinda Ardern ne souhaitait pas faire le voyage jusqu’à New York sans sa fille, qu’elle allaite encore.

En redescendant de la tribune après son discours, la leader du Parti travailliste de l’archipel en a même profité pour la prendre dans ses bras et l’embrasser, provoquant une ola de sourires attendris parmi les nombreux chefs d’Etat présents dans la salle. L’image, aussi surprenante soit-elle, n’est cependant pas isolée dans le paysage politique contemporain.

Trois tomes et un couffin

Depuis quelques années, de plus en plus de femmes de pouvoir, devenues jeunes mamans, osent amener leur bambin aux séances de travail. D’audacieuses pionnières renvoyant au musée la tradition du «je-reviens-seule-à-l’assemblée-une-semaine-après-mon-accouchement-comme-si-de-rien-n’était», notamment incarnée par Rachida Dati en 2009.

On a ainsi tout récemment vu Irène Kälin, conseillère nationale suisse, participer aux sessions avec son fils de trois mois et demi. Idem pour une députée espagnole en 2016, ou une autre, argentine cette fois, en 2015. Certaines sont même allées encore plus loin en allaitant leur enfant en plein milieu de l’Assemblée, comme la ministre canadienne des Institutions démocratiques, en 2018, et une sénatrice australienne l’année passée.

Le bulletin ou la tétine

«On sent clairement qu’un changement s’est opéré depuis peu dans les normes entourant la maternité et la mère au travail», fait remarquer Laura Bernardi, professeur en sociologie et démographie à l’Université de Lausanne. Des situations qui sont bien «le signe d’une progressive acceptation des besoins de toute femme ayant une activité professionnelle et venant d’avoir un enfant», ajoute le politologue Gilbert Casasus, professeur à l’Université de Fribourg.

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D’autant plus que parvenir à une conciliation harmonieuse des deux sphères s’avère, on l’imagine, encore plus héroïque dans la politique que dans d’autres domaines. De nombreux lieux du pouvoir législatif empêchent encore les femmes, durant leur congé maternité ou lorsqu’elles s’absentent pour raison familiale, de se faire remplacer pour donner leur voix lors des séances de vote des textes.

Marquer les esprits

C’est par exemple le cas des Chambres fédérales, à Berne, ou du Parlement européen, à Strasbourg. Allaiter ou compter, il faut souvent choisir lorsqu’on est une femme politique. Ces touchantes images, certes témoins d’une société qui évolue, ne doivent ainsi pas occulter les progrès qui restent à accomplir. Elles sont surtout des allusions symboliques, analyse Laura Bernardi:

«Evidemment, venir dans une séance parlementaire avec un nourrisson n’est pas une configuration qu’on souhaiterait voir se généraliser, car ce n’est sans doute idéal ni pour le bébé, ni pour la maman, ni pour les collègues. Ces événements ne sont pas des actes neutres. Ce sont des déclarations pour enclencher le débat, qui est nécessaire, pour que des changements réels se poursuivent en faveur des structures permettant aux mères et aux pères de venir sur le lieu de travail avec leurs enfants».

L'opposition sceptique

Gestes quasi militants qui ne sont pas admirés partout. En 2017, pour protester contre la pénurie de crèches, une députée japonaise est venue siéger dans une assemblée municipale avec son bébé. Fustigée pour son comportement, elle a été incitée à quitter la réunion. Des critiques se sont fait entendre en Europe aussi. Les inséparables binômes maman-enfant ayant, de l’Espagne à la Suisse, agacé plusieurs observateurs, qui préfèrent que les bambins restent en coulisse, voire plus loin.

«On pourrait effectivement estimer que ces initiatives ne véhiculent pas l’image de femmes émancipées parvenant à équilibrer vies professionnelle et privée, juge Gilbert Casasus. Il y a peut-être paradoxalement là-dedans quelque chose de passéiste.» Tout le monde n’a pas, manifestement, la même vision d’un bon work-life balance.

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